Préface aux lois de l’interdiction du lachon haRa (la médisance) et de la rékhilout (le colportage)
Dans son amour envers les membres de son peuple Israël, et dans son désir profond de leur prodiguer du bien, le Saint béni soit-Il les appeler ses enfants (banim), sa part et son héritage (hélek Hachem véNa’hala), et par d’autres noms affectueux exprimant la grandeur de son amour envers Israël, comme il est dit : « Je vous ai pris en affection, a dit l’Eternel… » (Malakhi 1, 2). C’est pour cette raison qu’Il les a écartés de tous les mauvais traits de caractère, et tout particulièrement de la médisance et du colportage, eux qui amènent l’homme à la querelle et à la dispute, pouvant même parfois entraîner le meurtre, comme l’écrit le Rambam dans ses « Hilkhot Déot » (7, 1) : « Bien que cet interdit de la Torah ne soit pas sanctionné par la peine de flagellation, il s’agit d’une grave faute ayant pour conséquence le meurtre d’un grand nombre d’âmes au sein du peuple juif. C’est la raison pour laquelle, c’est dans un même verset que l’Ecriture a juxtaposé à cet interdit celui-ci : “Ne sois pas indifférent au danger de mort devant lequel se trouve ton prochain” (Vayikra 19, 16). Tu l’apprendras aussi de ce qui est arrivé à Doeg l’Adomi et à Nov, la ville des Cohanim ».
Et combien encore d’autres terribles maux sont provoqués par ce mauvais trait de caractère. Car, comme cela est connu, la faute du serpent fut, elle aussi, pour l’essentiel celle du lachon haRa, lorsqu’il médit contre Hachem, en disant : « C’est en mangeant de cet arbre qu’Il a créé le monde ». C’est de cette manière que le serpent a séduit ‘Hava (Eve), comme les Sages l’enseignent (Traité talmudique, p.146/a) : « Le serpent s’est approché de ‘Hava et lui a inoculé l’impureté ». Tu vois donc que cette faute a eu pour conséquence directe l’inceste et la mort du monde entier, c’est-à-dire le meurtre. Et c’est à cause de cela qu’Adam et ‘Hava ont transgressé la volonté du Saint béni soit-Il. Par conséquent quiconque profère des paroles médisantes reproduit le comportement qui a détruit la création du monde.
Par ailleurs, c’est aussi cette faute qui fut la raison principale de l’exil des enfants d’Israël en Egypte, comme il est dit : « Et Yossef parlait mal de ses frères à son père » (Béréchit 37, 2). C’est pour cela qu’il fut puni mesure pour mesure en étant vendu comme esclave, parce qu’il avait dit sur eux qu’ils traitaient ses frères d’esclaves, comme l’enseignent le Midrach (Béréchit Raba, 4, 7), ainsi que le Talmud de Jérusalem (Traité Péa 1, 1) ; et ce, même si a priori Yossef avait peut-être des raisons lui permettant de parler ainsi de ses frères, comme l’expliquent les commentateurs, malgré tout, cela ne lui fut d’aucun secours.
De plus, toute la raison de notre exil actuel repose essentiellement sur le comportement des explorateurs dans le désert, comme il est dit dans les Psaumes (106, 26-27) : « Ils ont murmuré dans leurs tentes… et Il [Hachem] a levé la main contre eux pour les faire succomber dans le désert ». C’est en effet ce qu’enseignent Rachi sur ce verset et le Ramban sur l’épisode des explorateurs (Bamidbar 14, 1). Le Traité talmudique Erkhin (15/a) dit aussi que l’essentiel de la faute des explorateurs fut le lachon haRa, lorsqu’ils ont calomnié la terre d’Israël. Et, dans la mesure où leurs paroles avaient provoqué des pleurs injustifiés, il a été décrété des pleurs pour toutes les générations à venir. Et combien de malheurs sans nombre nous ont encore touchés à cause de cette terrible faute. Car, même les Sages assassinés à l’époque de Chimon ben Chéta’h, par son beau-frère, le roi Yanaï, tout cela a été provoqué par le colportage, comme cela est enseigné dans le Traité talmudique Kidouchin (p.66/a). De même que l’assassinat du Tana Rabbi Elazar Hamodaï, un évènement qui causa la destruction de la ville de Bétar, fut lui aussi la conséquence d’un colportage à son sujet devant Ben Koziba, comme cela ressort du Midrach (Eikha Raba 2, 4).