Parmi toutes les mitsvot que la Torah nous ordonne, la première est celle du « kidouch hah’odesh », l’obligation de consacrer la nouvelle lune… Elle apparaît dans notre paracha.
Dès que la lune était visible, il fallait que deux témoins fiables aillent au grand Beth Din de Jérusalem – le Sanhedrin – pour témoigner qu’ils avaient bien vu le premier croissant de lune. Après un interrogatoire détaillé, le Beth din confirmait que la nouvelle lune était arrivée. Un système de communication se mettait alors en place : on allumait un bûcher sur une colline, tel un signal pour la colline avoisinante qui en allumait un à son tour et ainsi de suite… Comme le dira la Michna de Roch Hachana : toute la terre d’Israël ressemblait à un brasier, dans lequel on pouvait distinguer ces signaux indiquant jusqu’en Babylonie (à des centaines de km) que le nouveau mois était arrivé.
Cette 1ière mitsva nous pose un problème. Qui n’est pas capable de constater l’arrivée de la lune ? Pourquoi était-il nécessaire de demander à des témoins visuels d’attester ce que le monde entier pouvait constater par lui-même ? L’enseignement que je souhaite en tirer m’est soufflé par le Gaon de Vilna : ceci est pour m’indiquer comment je dois pratiquer une mitsva. Sans me préoccuper de son aspect utilitaire et de ses conséquences, mais uniquement pour obéir à Hachem.
On sonne du chofar car Hachem l’a demandé, on jeune à kippour, respectons le chabat, proclamons le nouveau mois… parce que Hachem nous l’a demandé. Toutes les 613 mitsvot ne sont pas là pour nous donner un enseignement mais comme preuve de notre obéissance. Ceci nous a été enseigné à propos de l’apparition de la nouvelle lune. La lune, quant à elle, phénomène astronomique élémentaire (petit satellite autour de la terre, visible ou non), n’a l’air de ne pas s’en soucier.
C’est dans cet « éclairage » que je voudrais terminer mon message. La lune – toujours présente même de jour lorsqu’elle n’est pas visible – est comparée dans nos textes bibliques et rabbiniques à la Chéh’ina (la Présence Divine). Hachem, dans l’histoire d’Israël, semble parfois absent et parfois omniprésent mais son absence n’était que toute relative. Sa présence n’était simplement pas perçue mais Il est toujours là, toujours fidèle.
Il arrive même qu’Israël, sur la scène de l’Histoire, semble effacé. Qui aurait donné cher de la peau des juifs pendant la Shoah ? C’était en peuple en voie d’extermination… Et voila qu’Israël rebondit sur le devant de la scène, qu’un Etat est créé en Erets Israël et qu’il devient un nouveau centre spirituel et géopolitique du peuple Juif.
Cette renaissance est le phénomène de la lune qui réapparait dans le ciel.
La mitsva de la sanctification de la lune est donc un enseignement sur la façon de servir Hachem. Beaucoup de gens tiennent de longs discours, parfois un peu prétentieux, sur l’avenir d’Israël : Israël vivra-t-il ? Qu’en est-il du futur du peuple juif ?… Beaucoup de gens se posent ce genre de questions, qui – pardonnez-moi – sont totalement inutiles ! Se préoccuper du futur d’Israël, c’est prendre la place d’Hachem. Il a promis qu’Israël existera toujours, Israël existera donc toujours.
Que nous ayons nous, à telle ou telle autre génération, la chance de nous en apercevoir ou le doute de nous demander si cela est exact, est notre problème. La véritable émouna est de laisser Hachem faire l’Histoire et, pour notre part, de nous contenter de vivre avec intensité le moment qui nous est donné, notre portion à nous d’éternité.
C’est comme cela que le peuple Juif doit fonctionner. Voilà pourquoi la 1ière mitsva était bien celle de la sanctification de la lune, pour nous dire que le futur ne nous appartient pas et que nous devons, dans notre vie quotidienne, vivre le présent comme s’il était éternel. Cette conviction permet de rester ce peuple qu’Hachem a choisi, à qui Il a donné des mitsvoth qui sont pour nous la raison d’être d’un peuple qui défie l’Histoire et qui ne s’éteindra jamais.
Chabat chalom !