Les sages, en particulier le Rambam, ont établi tel un devoir de lire la parasha de Ki tavo avant Roch Hachana, afin que s’accomplisse la phrase du poète : « que l’année s’achève avec ses malédictions et que la nouvelle commence avec ses bénédictions. »
Que signifie cet enchaînement ?
La Parasha de Ki Tavo contient 98 malédictions.
Qu’est ce que la kelala (malédiction) ? Tout simplement l’absence de beraHa, de bénédiction. Hachem est en effet appelé « mekor haberaha », la source de la bénédiction. La réussite dans la vie s’appelle la bénédiction. Une bénédiction, par exemple, serait de tout obtenir facilement, d’avoir le temps de faire ce que nous devons faire, d’avoir le bonheur de voir les choses continuer après nous… Tout cela est appelé «beraHa» en hébreu. Ainsi, en nous approchant d’Hachem (Lui qui est le créateur), nous trouvons ce flot de bénédictions.
Sitôt que l’on s’éloigne de Lui, la beraha s’estompe et est remplacée immédiatement par ce que la Torah a appelé la kelala, la «malédiction».
Comprenons bien, il ne s’agit pas d’un châtiment mais simplement d’une règle, d’une loi, tel le théorème de la pesanteur : j’ai un objet dans la main, si je le lâche il tombera et pourra se briser. C’est une loi. Dès lors que le peuple d’Israël quitte sa source de bénédictions (Hachem), il existe des lois dans le monde qui s’appliquent.
La Torah veut nous inviter avant Rosh Hachana – avant un nouveau contrat d’une année – à méditer sur ce que cela signifie dans nos vies.
Quel est l’Homme qui ne voudrait pas réussir ? La Torah nous donne la solution à la réussite : se tenir toujours proche de l’Eternel. Pouvoir le solliciter dans nos prières, lui demander de nous protéger, de nous éviter tout mal, de nous donner la vie et tout ce que l’on souhaite. La kelala est un écran qui tombe sur l’Homme dès lors qu’il n a pas été conscient du côté indispensable de la beraHa.
Israël est un peuple qui est géré par ses lois. Prenons un exemple : dans les différentes « malédictions », il est dit que nous n’aurons pas d’endroit à nous. On peut prétendre que c’est faux, que nous avons un état et que, grâce à D.ieu, il se défend très bien, qu’il est prospère. Pourtant cet état est menacé en permanence.
Un Juif qui réfléchit quelque peu sur la situation actuelle se rend très vite compte que sa situation n’est jamais assurée complètement, que tout peut être remis en question. Cette fragilité peut nous affecter et nous rendre pessimistes : il n’en est rien, car nous avons l’antidote, nous connaissons la solution.
Quelqu’un qui déprime est quelqu’un qui ne voit pas de solution dans la vie. Quelqu’un qui sait qu’il en existe une, doit se diriger fermement et rapidement vers elle. La solution de proximité d’avec Hachem est bien sûr exigeante mais tellement belle : elle dissipe l’intégralité de nos échecs et assure à l’homme la pérennité et le bonheur.
Réfléchir à ces choses là avant Roch Hachana était bien la volonté de nos maîtres en instituant cette lecture quelques jours avant la fin de l’année. Voilà pourquoi je voulais en parler et j’en profite pour souhaiter à chacun d’entre nous, dans sa vie privée, de trouver la beraha et ainsi de s’éloigner de la kelala. Qu’il en soit de même dans notre destin collectif de peuple d’Israël, confronté à tant de défis (que nous avons très largement la capacité de réussir, tous sans exception) avec cette confiance et cette assurance de la proximité de notre créateur.
Chabat Chalom !