Nous célébrerons aujourd’hui la fête de Tou Bichvath que l’on appelle « Rosh Hashana laïlanot », « le nouvel an des arbres ».
De quoi s’agit-il ? Dans la Michna, on se demande à partir de quelle date les arbres puisent la sève pour les fruits de l’année suivante. La Torah nous demande en effet de prélever le maasser (la dîme) « chana, chana » (année par année) : nous devions donc savoir à quelle date nous changeons d’année. La sève qui monte du sol pour permettre à l’arbre et aux fruits de se développer fut le critère fixé par nos hahamim.
Deux réponses ont été données : Beth Chamaï le 1er Chevath et Beth Hillel le 15 Chevath. C’est cette dernière date qui a été retenue. Au fil du temps et en particulier au 16e siècle à Safed (où résidaient les plus grands HaHamim d’Israël comme le ChoulHan ArouH, le Ari Zal, le Rav Haim Vital etc), cette célébration a pris une nouvelle dimension.
Le fruit de l’arbre est mentionné dès le début de la Torah comme étant ce qui a provoqué la chute d’Adam qui a gouté le ‘fruit interdit’. Toute la vie de l’être humain va ainsi consister en un « tikoun », une restauration de l’ordre initial (tel qu’Hachem l’avait prévu). Ce tikoun – processus fondamental d’après les mékoubalim (kabalistes) – passe par la consommation de fruits avec la bénédiction correspondante, en prenant soin de vérifier que le fruit soit consommable : maasser prélevé si le fruit vient d’Israel, pas de vers…
Ces précautions étant prises, manger ce fruit devient une mitsva qui prend deux dimensions. Hormis celle du tikoun, le Talmud de Jérusalem en évoque une autre (Perek « Assara Yohassin »). Il explique que l’homme devra rendre compte devant l’Eternel de ce qu’il avait le droit de manger mais ne l’a pas fait. En effet, autant certaines nourritures nous sont interdites et nous devons nous abstenir d’en manger, autant il en existe d’autres qui ne le sont pas : il nous incombe de les chercher et de les consommer, afin de rendre hommage au Créateur de la beauté et de la diversité de la création. Parmi les plus beaux spectacles de la vie, il est celui de l’étalage au marché de fruits et de légumes fraichement disposés, riches en couleur, parfumés et invitant l’homme à les consommer.
La consommation, chez l’Homme, est une manière de servir Hachem, comme le mentionne le Sefer « Péri Ets hadar » qui rappelle que le nom de « Elokim » est mentionné 32 fois dans la création du monde tout comme l’homme a 32 dents. Un chiffre symbolique en hébreu, car c’est la valeur numérique du mot « Lèv », « cœur », siège de l’intention. En mangeant avec l’intention requise, l’homme fait « descendre » le nom de D.ieu à travers ce monde. Il diffuse de la spiritualité et permet au monde végétal de s’élever tel que cela a été voulu par le Créateur.
Le « Péri Ets Hadar » ajoute que plus l’on mange des fruits différents, plus l’on est susceptible de rendre hommage à Hachem pour la beauté et la diversité de Sa création. On permet ainsi de déclencher le mécanisme de la perpétuation de l’espèce. En effet lorsque je récite une BéraHa (prière) sur un fruit, il est intimé à l’ange préposé à la reproduction l’ordre de donner à ce fruit la possibilité de se reproduire ! En d’autres termes, il s’agit d’une création continue grâce à l’intervention de l’Homme sur le plan spirituel.
Ce n’est enfin que très récemment, depuis la création de l’Etat d’Israel, que le thème de la plantation d’arbustes en ce jour a été introduit (il n’est pas mentionné dans les textes anciens). Il ne faut pas oublier que contribuer à la construction, au développement, à la beauté et à l’afforestation d’Erets Israel est une grande mitsva à laquelle Tou Bichvath nous invite également.
Bonne fête et bon appétit !