Vayétsé
L’avenir d’Israel est imprévisible Depuis toujours les hommes ont rêvé de pouvoir prédire l’avenir. Le prévoir simplement était déjà une vertu. Les anciens avaient recours à toutes sortes de divinités, de stratagèmes, pour être en avance sur leur temps. Dans la Torah, le procédé qu’utilisait Lavan – le père de RaHel et Léa – se faisait à partir des « térafim ». Cela pourrait désigner des idoles domestiques, que l’on gardait à la maison. Lavan les interrogeait pour connaitre l’avenir. Apparemment, même Yossef en Egypte faisait de même avec un « koss », une coupe avec laquelle il procédait à des divinations pour savoir ce qui allait se passer.
Ce comportement n’est ni condamnable ni recommandable mais nécessite compréhension. En effet, le midrash dans Térouma apporte l’étymologie du mot « térafim » : « rifyon yadayim », c’est-à-dire « la faiblesse de la main ». Le midrash explique que les térafim étaient comme de petites idoles qui ressemblaient à des bébés qui étaient modelés à partir d’argile. L’artisan ou le potier qui les fabriquait commençait avec la main droite pour les terminer avec la main gauche. D’où le mot « trafic » : la main faible, la main gauche, continuait le travail de la main droite.
Cette étymologie est très précieuse car elle nous permet de déduire que le futur dont parlaient les térafim était uniquement un futur prévisible, comme la main gauche qui ne fait que suivre la main droite. Ainsi en est-il dans la vie. La plupart des futurs dont les nations se contentent est un futur totalement prévisible.
Compte tenu de la nature humaine, de ses habitudes, de toutes sortes de facteurs, on sait ce qui va se passer. Pour actualiser ce thème, on pourrait considérer qu’aujourd’hui les ordinateurs procèdent exactement de la même façon. Par exemple, lorsque, en France, la circulation routière nous donne les prévisions de la circulation, elle fait référence à un programme d’ordinateur qui porte le nom poétique de « bison futé », qui prévoit qu’à tel endroit le vendredi après midi, aux portes de Paris, sur la nationale 6, il y aura tant de voitures par heure.
Comment « Bison futé » le sait ? Tout simplement parce que c’est un ordinateur qui procède à des calculs et qui sait qu’en fonction de la météo, les français – les parisiens notamment – suivent rigoureusement les mêmes habitudes : ils rentrent du travail, déjeunent rapidement et prennent la route le plus tôt possible pour ne pas perdre une minute.
Compte tenu de tous ses facteurs là et de la densité de la population, la prévision routière sait donc qu’il y aura X voitures à ce moment là. Ce futur là, qui est donc maintenant informatisé, répond à la même demande que les « terafim » de Lavan. Il est question de technique et non pas de signification. Le futur dont parle la Torah est tout autre. En effet, les prophètes d’Israël sont inspirés par D. et savent que l’Eternel leur communique un futur qui intègre une réalité future qui prend en compte un facteur qu’aucun ordinateur ne peut intégrer : la Techouva. Un homme peut changer. Un homme juif, conscient de ses responsabilités, peut renoncer à tel rendez-vous, tel week-end, tel repas d’affaire… car il a décidé de manger casher ou de devenir shomer chabat. Les juifs « brouillent les cartes » ! Il en est de même au niveau collectif avec Israël. Tout est inattendu. Je parle de l’état comme du peuple.
Ce peuple là n’obéit donc à aucun oracle, à aucune prévision, à aucune prédiction.
C’est peut-être là la grandeur du peuple juif. Alors même que l’on a annoncé x fois son extermination, même son assimilation… Combien de livres avons nous vu passer qui parlaient de « La fin du peuple juif ? ». « Il est prévisible que… », « Il est probable que… », « Il est certain que… », suivant l’ego de l’auteur. Mais tous allaient dans le même sens : on déduit des conclusions à partir de données déjà connus. Or, c’est oublier qu’Israël est un peuple qui peut à tout moment changer son destin grâce à la techouva. Voilà pourquoi, les jours de Rosh Hashana et Kippour (entre autres) Hachem est prêt à déchirer le « gzar din », le jugement, Il est prêt à modifier ce qu’Il avait décidé nous concernant. Même Lui peut être surpris par la décision de l’homme. Je trouve ce destin extraordinaire ! Cela signifie que rien n’est écrit d’avance, que tout ne va dépendre que de l’Homme, de son libre arbitre, du choix qu’il va opérer de servir Hachem et par là même d’être au dessus de toutes les étoiles.
Chabat chalom !
Ce cours est dédié leylouy nichmat Haim ben SimHa ZL.