Dans cette paracha, la Torah continue le merveilleux récit de la Genèse et arrive à un passage tout simplement fondamental : la bénédiction qu’Itzhak va accorder à Yaacov.
Il est connu que cette bénédiction est arrivée de façon détournée à Yaacov qui, littéralement, se déguisa en Essav (Esaü).
Avant la beraHa, Itzhak demande à son fils de s’approcher. Il respire ensuite ses vêtements et le bénit en disant : « l’odeur qui se dégage de mon fils est comme celle d’un champ que l’Eternel a béni ». Itshak s’est pourtant vêtu d’une peau de bouc, ce qui est loin de dégager une odeur agréable…
Yaacov incarne le Juif respectueux de la tradition religieuse et Essav son antagoniste.
Sans doute que l’odeur qu’Itzhak a ressentie est celle d’un fils respectueux de la Torah, qui accepte même de se faire passer pour Essav.
Dans notre histoire, chaque fois que les Juifs ont été attaqués, insultés ou maltraités, ce n’était pas un seul individu qui était visé mais l’ensemble des Juifs. Même si un Juif n’a jamais rien fait de mal, il accepte d’endosser la responsabilité de cette attaque : chaque membre du peuple d’Israël est solidaire l’un de l’autre.
Cette béraha est loin d’être usurpée. Nos sages expliquent qu’Itzhak était loin d’être dupe et savait pertinemment qu’il bénissait Yaacov.
Cependant, Essav va contester cette béraha jusqu’au jour où (dans la Parasha Vayichlah) aura lieu la fameuse lutte entre Yaacov et l’ange d’Essav et où le dernier patriarche méritera enfin le nom d’Israël.
Pendant ce combat, Yaacov prend le dessus sur l’ange qui lui demande de le laisser partir. Yaacov a cette phrase extraordinaire : « Je ne te laisserai partir que lorsque tu m’auras béni ». En hébreu il n’est pas écrit « lorsque tu me béniras » (au futur) mais « lorsque tu auras reconnu que ma béraha était légitime », « ki im béraHtani ».
Cette nuance est de taille. Cela veut dire que la légitimité de Yaacov sera, un jour, enfin reconnue.
N’est ce pas là la problématique de l’histoire juive ?
Les Juifs vont être accusés de tous les maux et seront pris pour des tricheurs, des menteurs, des êtres cupides… Puis un jour, les nations du monde incarnées ici par Essav, reconnaitront leurs erreurs et diront à Yaacov : « Oui, tu mérites d’être le représentant de D.ieu sur cette terre et les bénédictions qui t’ont été accordées sont bien légitimes. »
En attendant cette période heureuse, il nous faut accepter d’être traités pour ce que nous ne sommes pas et d’endosser les responsabilités de nos frères.
Voilà le message que je souhaitais donner à l’occasion de cette lecture « historique ».
Chabat chalom !