Notre réflexion portera sur la paracha de la semaine, « Balak », qui fit appel à Bilam pour maudire les béné Israel.
Bilam est considéré par nos sages comme le plus grand prophète des nations.
Effectivement, la Torah précise qu’il était capable de déceler l’instant quotidien de la colère divine. Il savait qu’à cet instant précis, très bref, la crête du coq devenait blanche.
Il avait donc attaché un coq au pied de son lit pour être prêt à maudire Israël dès que ce phénomène se produirait.
La miséricorde divine a protégé Israel et, tout au long de cet épisode, la colère divine ne s’est pas manifestée. Bilam n’a pas pu mener son dessein à bien.
Une question se pose : comment est il possible qu’un homme comme Bilam, qui avait une moralité désastreuse (amour du luxe, du vice, haine, jalousie…), pouvait également percevoir l’instant de la colère divine ?
Cela n’a pas surpris nos maîtres, qui pensent que dans un même homme l’ombre et la lumière peuvent cohabiter.
Ainsi les sages expliquent que, durant de la traversée de la mer rouge, la « petite » servante a vu plus que le prophète Ezekiel lors de sa « vision du Char Céleste » (considérée comme la plus grande vision prophétique jamais communiquée à un homme).
Pourquoi alors est-elle restée servante malgré cette vision exceptionnelle ?
Tout simplement parce qu’elle n’a pas cherché à progresser.
Ce qui fait qu’un homme atteint des sommets dans la vie, c’est le sens permanent du progrès, la lutte contre ses défauts… et cela nécessite une mobilisation de chaque instant. Seulement dans ses conditions nous pouvons arriver très loin.
Lorsque Hanna a prié Achem pour avoir un enfant, elle demanda un enfant « ordinaire ». Elle ne voulait ni un surdoué ni un être d’exception mais un enfant simple comme les autres.
Cet enfant va devenir plus tard le prophète Samuel. Comment s’est opérée cette mutation ?
Par les efforts permanents de Samuel pour progresser.
Il a étudie, travaillé ses qualités, éliminé ses défauts au point d’être considéré dans la tradition comme l’équivalent de Moshé et Aaron réunis.
La règle de la vie est de progresser en permanence.
Quel est l’obstacle qui peut nous faire trébucher ?
C’est tout simplement de ne pas réaliser ce que nous sommes.
Pharaon était un homme extrêmement averti, intelligent. Comment se fait-il que les plaies, les «makot » répétées ne lui aient pas fait entendre raison, alors qu’il savait très bien que Moshé ne plaisantait pas et que lorsqu’on annonçait une plaie, elle surviendrait de façon certaine ?
La réponse est très simple : Pharaon ne faisait pas la relation entre ce qu’il savait et ce qu’il était.
Dans la vie, nous recevons en permanence des informations – surtout aujourd’hui- mais l’on n’y prête pas garde, on ne se sent pas concerné… on pense que cela ne concerne que les autres.
Celui qui résonne ainsi ne progressera jamais, restera ce Pharaon.
Le deuxième obstacle, c’est de ne pas chercher uniquement à entendre ce que l’on a envie d’entendre.
Dans le Talmud Guitin, p45, on raconte l’histoire du Rav Ilich, qui avait été emprisonné injustement par des non-Juifs. Durant son incarcération, un corbeau vient se poser sur la fenêtre de sa cellule et se met à croasser pendant un moment.
Il y avait dans cette même cellule un spécialiste du langage des oiseaux à qui le Rav demanda ce que le cordeau disait. Ce monsieur traduisit : « Rav Ilich sauve-toi » mais le Rav n’en a pas tenu compte.
Voilà que vint, un peu plus tard, une colombe qui roucoula sur sa fenêtre. Le Rav demanda à nouveau à l’homme qui lui dit : « Rav Ilich, sauve-toi ».
Alors le Rav écouta ce conseil et tenta une évasion qui, finalement, réussit.
Le Maarcha explique que le Rav Ilich savait parfaitement décoder le langage des oiseaux… Mais en traduisant lui-même, il avait peur de mal interpréter.
Dans la vie, trop souvent, il y a des choses que nous avons envie d’entendre que nous prenons pour la réalité.
Voilà pourquoi il faut toujours s’entourer de l’avis d’un homme averti et objectif pour nous guider, pour nous assurer que les événements que nous vivons et les leçons que nous écoutons sont bien celles qui nous sont envoyés par Achem pour pouvoir mener cette vie de progrès permanent qui nous amènera à réaliser toutes nos potentialités.
Chabat chalom
Z.l Rav sitruk
bob site