Notre réflexion hebdomadaire, toujours alimentée par la lecture hebdomadaire de la Torah, portera sur l’origine de la maHloket, la controverse qui opposait KoraH à Moshé. Lorsque nos maîtres dans le Talmud (Pirke Avoth) présentent cette maHloket, ils disent qu’elle est l’exemple même d’une controverse qui n’est pas « léchèm chamayim », désintéressée.
L’exemple de la maHloket « lechem chamayim » est celle de Hillel et Chamay, que l’on appellera combat d’idées : l’un pense ainsi, l’autre autrement. En d’autres termes, lorsqu’il n’y a qu’un combat d’idées, chacun défend ce qu’il estime être la vérité. Il n’y a pas de conflit.
Ce qui crée les affrontements entre les hommes, ce n’est pas d’avoir des idées différentes mais plutôt de faire de son « problème » une affaire personnelle. L’opposition de KoraH à Moshé était uniquement mue par des ambitions personnelles. Ainsi, lorsque l’on présente cette maHloket, on dit : « KoraH vekol hadato », KoraH et toute son assemblée. Cela veut dire que tous les hommes qu’il a convaincu de protester contre Moshé n’étaient eux-mêmes pas d’accord entre eux ! Korah a donc procédé comme on le fait en politique : il a rassemblé toute « l’opposition », tous les gens qui n’étaient pas d’accord, même si chacun avait son mobile, même si chacun avait son intérêt personnel, pour essayer de faire front commun.
Bien évidemment, la réaction de Moshé et de Aaron est elle-même très édifiante puisque, immédiatement, ils se sont jetés la face contre terre en disant : « Si ce sont nos problèmes, nous renonçons. Nous ne voulons pas que nos personnes soient un frein à l’instauration du chalom dans le peuple d’Israël. On se retire. »
On constate que cela n’a pas résolu le problème, parce qu’il se situait ailleurs. KoraH avait envie de contester uniquement pour contester !
Cet épisode est donc une leçon très actuelle, dirais-je, de politique. On voit que trop souvent les hommes s’affrontent non pas pour des combats d’idées, des idéologies différentes ou des idéaux divergents… mais simplement parce que chacun a un compte a régler. Je dirais que c’est cela qui perd un pays.
Bien évidemment, je suis comme toute personne qui essaye de regarder le paysage politique israélien, soucieux de constater que trop souvent ce ne sont que des intérêts personnels ou des calculs à court terme qui animent les débats politiques.
Un peu plus de désintéressement, un peu plus d’idéal… et tout ira mieux !
En faisant cette analyse, je ne tiens pas un constat défaitiste ni alarmiste mais j’attire l’attention de nos lecteurs sur la nécessité, lorsque l’on veut se forger une opinion, d’observer quels sont les mobiles qui animent ceux qui présentent les programmes, et de décider en conséquence.
Tous les hommes sont intéressés. Il est très rare d’en trouver un qui ne pense pas à lui. Mais nous avons tous assez de bon sens pour regarder où doit se situer notre choix : choix politique, choix de vie.
A bon entendeur, Chabat Chalom !