Un adage bien connu de la tradition juive nous invite à commencer l’étude du Houmash chez un petit enfant vers 5 ans par le livre de Vayikra. La question qui peut venir à l’esprit est bien sûr de se demander si c’était bien le passage le plus attirant pour un enfant. Est-ce la peine de le confronter aux sacrifices avec la toute relative violence de l’effusion du sang de l’animal dans lequel on va immerger cet enfant ? Cela ne risque-t-il pas de produire un effet négatif sur l’enfant ?
En expliquant leur choix, les sages du Talmud disent que : ceux « qui sont purs » viennent étudier « les choses pures ». Nous avons là une optique plus intéressante. En effet, dans la conscience d’un enfant, il est tout simplement fondamental de savoir que l’on peut réparer une bêtise, une faute. Observer un enfant qui a été grondé par son père ou sa mère, entendez le pleurer… Ses pleurs sont touchants. Il est malheureux à l’idée d’avoir fait une bêtise. Proposer lui le moyen de se racheter, et vous voyez immédiatement son visage s’illuminer. Il est donc possible, pense-t-il, de rattraper ses erreurs.
En fait, la Torah va indiquer à l’enfant qu’il y a toujours « une deuxième chance ». L’expérience de la réparation pour un enfant qui se construit est tout simplement vitale. Rien n’est définitif, tout est en mutation. La conscience se construit, l’échec n’est jamais irrémédiable. Voilà pour le principe. Quant à l’atmosphère du sang versé de l’animal, au lieu de traumatiser l’enfant, bien au contraire, elle lui permet de mesurer que toute faute a toujours un impact très fort. Le sang versé vient ici rappeler que, quelque part, c’est nous qui devrions être à la place de l’animal et que la vie est pas un jeu mais elle est un enjeu !
Quant au spectacle de la violence, prenez une minute pour consulter les bandes dessinées proposées aujourd’hui aux enfants de cet âge là. Vous verrez les visages terrifiants des pseudo-héros qui y sont dessinés. Voyez les histoires hallucinantes, impressionnantes dans lesquelles on les entraine.
Un jour un imminent pédopsychiatre que j’avais interrogé m’avait dit : c’est pour permettre à l’enfant d’exprimer ses angoisses. Je n’ai pas très bien compris la réponse, mais j’ai surtout compris que l’angoisse de l’enfant n’est pas provoquée par le spectacle qu’il contemple mais par son imagination qui travaille…
Et là, on confronte un enfant à une situation de réalité en lui enseignant que le but de la Torah est de le construire en tant que personne véhiculant un concept, une dimension qui s’appelle « la pureté » pour ainsi le conforter et lui donner espoir en l’avenir.
Voilà pourquoi aujourd’hui, face à toutes les théories modernes, notre « vielle Torah » présente ici un aspect novateur voire révolutionnaire qui me paraissait intéressant de vous exposer pour y réfléchir ensemble.