La paracha Vayigach est certainement la plus émouvante de la Torah.
En effet, notre sidra nous décrit de manière très détaillée les retrouvailles entre Yossef et ses frères, puis entre Yossef et son père Yaacov qui le croyait disparu. Ce dernier retrouve ainsi son fils bien aimé tel qu’il l’avait quitté 22 ans auparavant en l’envoyant « chercher ses frères ».
Au-delà de l’émotion, une conclusion qui ne paraissait pas évidente s’impose : au cours du long périple de cet exil égyptien si séduisant, Yossef ne s’est pas perverti. Il est resté égal à lui-même, capable de résister aux multiples tentations qui s’offraient à lui. C’est là la force du Tsadik, de ce héros qui résiste à l’épreuve et qui est capable, malgré l’adversité, de ne pas changer.
Pourtant, s’il peut paraître exagéré de parler d’héroïsme dans ce cas (puisque Yossef avait été éduqué dans cette optique par son père), il n’en n’est rien : Yossef est le seul personnage masculin que la Torah définit comme “beau”, ce qui implique qu’il sera confronté à toutes formes de tentations, comme l’épisode de la femme de Potiphar.
La capacité extraordinaire de Yossef à se soustraire à ces appels est bel et bien héroïque et admirable. La Torah souligne que Yossef est parti en courant de chez la femme de Potifar au point d’y abandonner son propre vêtement. Il savait pertinemment qu’il risquait gros en laissant une « preuve » aussi accablante mais il estima que cela était indispensable pour échapper à la tentation.
Yossef compris ainsi que si l’on peut parfois tenter de « parlementer » avec le Yétzer Hara (le mauvais penchant), si l’on ressent que cela est impossible la seule issue reste la fuite. D’une certaine manière, il eu le courage de s’enfuir au risque, pour lui, de passer pour un lâche. Yossef n’a pas trébuché. Il n’a pas fléchi et par ce courage il mérita le titre de Tsadik.
Avraham, Its’hak et Yaacov sont appelés les Avot (les pères de la Nation juive) mais c’est Yossef qui fut qualifié de Tsadik.
En retrouvant son père, après une si longue séparation, Yossef peut donc avoir la satisfaction de lui relater que l’enseignement de Emet (Vérité) qu’il lui a transmis s’est avéré payant et que malgré tous les pièges qui se sont dressés sur son chemin, il ne dévia pas d’un iota de la voie de Yaacov.
Yossef nous apprend ainsi que dans l’exil, point de sauvetage si nous ne savons pas résister aux tentations ambiantes, point de survie si nous nous laissons aller à goûter aux plaisirs que nous proposent les autres civilisations et point de délivrance si nous devenons prisonniers de coutumes dépravées.
Ce n’est que lorsque ce message est explicité au travers de Yossef que le livre de Béréchit peut prendre fin et que le peuple juif naissant peut se projeter dans le livre de Chémot, le livre de sa Guéoula (délivrance).
Chabat Chalom !