La période qui sépare Pessah de Shavouot, communément appelée période du Omer, est marquée par une période de deuil de 32 jours, qui correspond au décès des 24.000 élèves de Rabbi Akiva. Au delà de la souffrance, toujours actuelle, que cela a provoqué dans notre peuple, la mort des élèves exprimait surtout une autre douleur : celle de l’arrêt de l’enseignement de ce maître, Rabbi Akiva, à travers qui passait toute la loi orale. Alors que ces élèves venaient de cesser de mourir et qu’il avait déjà 64 ans, Rabbi Akiva ne baissa pas les bras et alla s’installer dans le sud d’Israël en ouvrant une nouvelle Yeshiva. Il y continua son enseignement et de ce nouveau lieu sortiront des élèves également exceptionnels, dont Rabbi Shimon Bar Yohai, Rabbi Meir Baal Haness, Rabbi Yehouda et Rabbi Eliezer.
Comment cet homme a-t-il pu trouver la force nécessaire pour continuer ? Il a tout simplement estimé, à juste titre, que l’enseignement de la Torah passait par lui pour les générations à venir et ce jusqu’à la fin des temps.
Nous avons donc d’abord cette leçon de courage : on ne capitule jamais, on ne baisse pas les bras, même face à l’adversité. Je crois que nos contemporains en Israel, plus que jamais, doivent se remémorer cet enseignement exceptionnel.
Il y a également une autre leçon. La Guemara de Yevamot explique que les élèves sont décédés car ils ne se portaient pas suffisamment de considération, de respect, de kavod. Ne pas se témoigner de respect pourrait être considéré simplement comme un manque de savoir vivre ou de politesse. La Torah nous montre ici que tout homme a un besoin vital – je n’exagère pas – de respect, de considération. Un homme qui n’est pas respecté, « ne vit plus ». Il y a dans la tradition orale, un autre mot pour designer le kavod, c’est « Néfèsh » / l’âme. Si on ne le considère pas, un homme n’existe plus. Voilà pourquoi il est tellement important de dire « chalom » à tout le monde. Les plus grands de tous les maîtres, dont Rabbi Yohanan disait : “Jamais un homme ne m’a a dit bonjour le premier. C’est toujours moi qui suis allé au devant de tous les autres pour leur témoigner de ce chalom tellement précieux.”
Je répète que je ne parle pas ici de politesse ou de civilité mais de considération. Celui qui ne répond pas chalom à l’autre, c’est comme s’il lui volait sa dignité. Un homme sans dignité n’existant plus, on voit à quel point le salut est précieux…
Si en hébreu on se salue par le mot chalom, qui est l’un des noms de D.ieu (chap. 10 du Prophète Isaïe), c’est peut-être pour nous suggérer que nous souhaitons plus aux autres qu’un simple « bonjour » ou « bonsoir » mais « chalom aleHem » : que le nom de D.ieu soit sur toi. Nous avons ainsi l’obligation les uns les autres de nous bénir en permanence, de faire en sorte de prier pour qu’Achem nous accompagne dans chacune de nos démarches.
Ces considérations me paraissaient suffisamment importantes et urgentes pour vous en parler et ensemble, faire en sorte que ce que disent nos maîtres s’accomplisse : que la période du Omer se transcende très vite en période de joie, que nous aurons le bonheur de vivre tous ensemble.
Chabat Chalom