La lecture de cette semaine va nous décrire en détail le processus de la vache rousse, la “para adouma”. Cette mitsva est totalement incompréhensible, elle est d’ailleurs appelée par la torah “h’ouka” que l’on pourrait traduire par “décret du roi” (comme l’explique Rashi : “ne cherchez pas à comprendre”)…
Pourtant, nous pouvons au moins s’interroger sur la raison pour laquelle il ne faut pas s’interroger.
La para adouma était une vache entièrement rousse que l’on devait, après sacrifice, brûler et tremper dans ses cendres puis on l’aspergeait devant quelqu’un qui était impur par contact d’un mort.
Si l’on s’en tient uniquement à ce niveau là, il y a une explication qui se dégage d’elle même : au départ, la mort ne faisait pas partie du plan divin, elle est apparu après la première faute d’Adam et Hava qui ont mangé le fruit interdit par Hachem, le fruit de la connaissance « Ets hadaat tov varah ». Ce n’est pas que D. voulait cacher quelque chose mais il aurait fallu attendre un autre moment.
L’Homme, par curiosité excessive ou malsaine, a mangé de ce fruit et a introduit la mort dans le monde. L’Homme, en fait, a voulu savoir trop tôt. Voilà pourquoi dira le Tsaf emeth : « c’est par la non-compréhension que l’homme guérit de l’impureté de la mort ».
En effet, lorsqu’un homme accepte de ne pas tout comprendre, il sort de l’impureté de la mort. Ici se trouve le « sod », le secret de la para adouma. Le peuple juif a toujours été un peuple érudit, nous avons toujours exalté l’amour de la connaissance et le désir du comprendre une partie des mitsvoth fondamentales. Tout ceci a une limite : celle d’accepter, parfois, de ne pas tout comprendre.
En effet, lorsque l’on accepte de ne pas comprendre, nous admettons qu’au dessus de notre intelligence il y a l’intelligence suprême, celle du Tout-Puissant.
C’est par ailleurs l’une des explications du port de la kippa ou de la tete couverte pour la femme. Alors que tous les hommes par définition sont des êtres fiers de leur cerveau et aiment à penser que rien n’est au dessus d’eux sans accepter la supériorité d’autrui, porter la kippa est une forme d’humilité. J’accepte de reconnaître que je ne peux pas tout comprendre.
Lorsque l’homme et la femme ont pris conscience de leur faute, ils virent qu’ils étaient nus et se cachèrent. Lorsque l’on a honte, on aimerait disparaitre au fond d’un trou.
Le fait de reconnaitre que je suis incapable de comprendre une partie de la vie est une marque d’humilité, qui est le début de la véritable sagesse. Comme dit le verset : « reshith h’oh’ma yirath Hachem », « le début de la sagesse c’est la crainte de D. »
Ce qui « rend mortel », c’est donc cette soif immodérée pour la connaissance et ce qui permet de sortir du cycle de la mort c’est le fait d’accepter, à un moment, une loi sans la comprendre.
Accepter cela c’est peut être comprendre le sens de la para adouma qui est alors un peu plus accessible à notre petit cerveau humain. Acquérir un peu plus d’humilité, tel est le but recherché. Grâce à cela, nous nous sentons petits et nous avons envie de grandir, envie de savoir et, souvent, nous y arrivons…
Chabat chalom !